dimanche 5 septembre 2010

Mais au fait, la Norvège, c'est comment?

Je répare ici un oubli avant tout:

Voila le blog de plusieurs de mes camarades de Sciences-Po très vexés que je n'ai pas mis le lien dans mon article précédent (vous trouverez Elsa, Ibtissame, Léa, David, Adélaïde, Louise et d'autres qui sont un peu partout):

http://murf-overseas.blogspot.com/

Erreur réparée.


Bon, dans mon post précédent je vous ai parlé de mes états d'âme et je me doute que c'est pas hyper passionnant, donc ici on va parler de ce que c'est que la Norvège. Je vais vous épargner les données de base, il y a la page wikipedia pour ça (ici, et je suis super sympa je vous file l'adresse)
Retenons tout de même une info importante: 4,8 millions d'habitant, ce qui fait de Bergen avec ses 253 000 habitants la deuxième ville du pays. Ca permet aussi de relativiser la social-démocratie, parce qu'avec aussi peu de monde, c'est tout de suite plus facile, mais on y reviendra.

Donc, qu'est-ce que Bergen? Avant tout, c'est beau. Ca peut paraître simplet de dire ça d'un coup, mais c'est le premier constat qu'on se fait. C'est vraiment beau. Les fjords, la ville, les collines aux alentours, les petites maisons de couleur... Le premier jour ça m'a frappé et ça continue de le faire. Rentrer par le tramway à deux heures du matin et voir la colline illuminée de centaines de petits points jaunes m'étonne toujours. Et en plein jour c'est tout aussi beau. Escalader une "montagne" (400m-600m) est pas toujours facile, mais la vue vaut carrément le coup. On a l'impression d'être seul au monde. Je vous dis pas l'impression qu'on du avoir certains de mes amis quand ils ont escaladé la montagne la plus haute de Norvège (2500m). Bref, ici c'est mignon, c'est joli, c'est agréable, on a l'impression d'être un peu seul au monde. Seul défaut: la pluie, beaucoup d'averses et un peu de brume, mais on apprend à l'ignorer et à vivre avec. On peut rentrer dans le discours "symbiose avec la nature etc." assez facilement, mais c'est loin d'être sauvage pour autant. Bergen a du caractère, et bien des secrets à révéler.

Le problème de la ville est peut être sa taille. On en fait assez vite le tour. Il y a toujours une rue à découvrir, un point de vue à aller voir, mais on sait vite où aller. Il faut donc chercher les recoins, les rues étroites, les maisons cachées, et on se rend compte que ça vaut encore plus le coup. Surtout la nuit. Certes, je préfère des villes géantes où je ne sais plus qui je suis, mais ce système là reste très bien aussi.

Qui sont les norvégiens? Avant tout, ils sont assez divers. Bien évidemment le blond est très présent, mais les bruns ne sont pas en reste. En revanche ils ont presque tous les yeux bleus. Les norvégiennes sont en général assez grandes, souvent (très) jolies, autant brunes que blondes, même si on trouve du thon de compétition. Voila pour la description physique.
Sur un plan culturel, les norvégiens sont des gens assez froids, les rapports sont assez formels aux premiers abords. Ici, le contexte est essentiel. Un verre à la main on peut dire ce qu'on veut, mais sans ça, on reste assez superficiel. Il y a des choses qu'on ne fait pas. Néanmoins, ils restent toujours cordiaux et même assez sympathique quand on prend la peine de leur parler un peu plus. Ils parlent tous un excellent anglais, à l'exception d'une de mes profs, ce qui est handicapant. On m'a dit que les norvégiens étaient très nationalistes, mais je dois avouer que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de m'en rendre compte pour le moment.
Autre chose qui a son importance: tous les jeunes norvégiens ont la Chlamydia (autre petit lien wikipedia), une charmante maladie vénérienne, pour la simple et bonne raison qu'ils ne se protègent pas. Ils se passent donc tous la bactérie et ont l'air de complétement s'en foutre. D'ailleurs, si vous n'avez pas couché avec un étranger on ne vous contrôlera jamais pour le SIDA, parce que ça n'existe pas en Norvège. Ca parait être une blague, mais ça ne l'est pas. Les filles utilisent bien évidemment la pilule, mais on trouve aussi pas mal de norvégiennes de 20-24 ans avec déjà un ou deux gosses, et souvent elles ont abandonné le/les pères. Elles vivent grâce aux allocs qui sont assez conséquentes.

Ce qui me permet de faire une transition sur le modèle de la sociale-démocratie à la norvégienne. Je vais éviter de vous faire un cours, car ça n'a aucun intérêt, mais il faut comprendre qu'ici il y a une autre mentalité. La confiance et la solidarité ne sont pas des vains mots, et quand on sait que tous les étudiants norvégiens, quels que soient les revenus de leurs parents, sont éligibles pour les bourses d'Etat, ou qu'un prêt étudiant peut facilement atteindre 10 000€, on se rend compte que c'est autre chose. La santé est complétement gratuite une fois que vous avez dépassé une certaine franchise (200€ par an tout de même). Nos amies norvégiennes qui vivent grâce aux allocs parce qu'elles ont des enfants touchent une somme assez conséquente et peuvent donc arrêter d'étudier ou de travailler, sans pour autant renoncer à un niveau de vie élevé. Cela est possible, pour plusieurs raisons, avant tout la mentalité qui est foncièrement différente du reste de l'Europe. Mais aussi parce qu'ils sont très peu. C'est un peu simpliste de dire ça, mais c'est vrai. Je pense sincèrement que le système est exportable mais avec 65 millions d'habitant c'est tout de suite plus compliqué, malheureusement.
Le corollaire de ce système, c'est un Etat hyper paternaliste. L'alcool ne se vend que dans des magasins d'Etat, pas après 18 heures (15h le samedi), les amendes sont très élevées pour tout délit, et contrevenir à la loi est vu comme quelque chose d'extrêmement grave. Pour résumer très grossièrement, c'est plus d'égalité pour moins de liberté.

Maintenant, quelles sont les conséquences pour les étudiants étrangers? Vu que les salaires sont très élevés ici, les prix le sont eux aussi (voir la courbe de je ne sais plus quoi en économie). Si pour les norvégiens ça ne pose aucun problème, car ils ont de forts revenus avec le pétrole, la pêche, les services et autre, pour un étudiant Erasmus, ça fait mal. Voila quelques prix de denrées essentielles pour qu'on se fasse une idée:

12€ le Mcdo, 31€ la pire bouteille d'alcool fort, 17€ la bouteille de vin, 9€ la pinte, 3€ la bouteille de lait, 10€ la pizza surgelé, 15€ le camembert...

C'est ici le principal défaut de la Norvège. Pour survivre il y a plusieurs méthodes:

-faire sa propre bière (23 litres pour 18€), c'est pas de la Chimay ou de la Karmé, mais ça se boit. La méthode est très simple, il faut mélanger un produit avec de l'eau, du sucre, laisser fermenter, transvaser dans des bouteilles, attendre, puis consommer. On peut aussi faire son vin.

-voler des pintes. Vu le prix de la pinte on comprend vite qu'on ne va pas en payer beaucoup. Coup de chance, dans ce pays on fait confiance et les norvégiens laissent souvent leur bière, pleine ou à moitié, un peu partout dans les bars sans surveillance. C'est là que frappent les Erasmus. Certainement pas très honnête, mais bon...

-Le système du "pant". Pour faire simple: à chaque achat de bouteilles/canettes vous payez quelques couronnes en plus (1€=8kr pour info), le fameux "pant". Mais si vous ramenez les bouteilles vides, vous récupérez cet argent. Il s'agit donc de récupérer celles qui trainent et de les ramener, ce qui permet assez vite de gagner un peu d'argent. Ca fait un peu clodo, et pour cause, l'essentiel des quelques SDF de Norvège le font. Eh oui, il y a bien des SDF dans ce merveilleux pays, et on se rend compte de la difficulté que ça doit être.

-Trouver un taff: pas forcément facile vu les démarches à faire, mais c'est en bonne voie.

Il y a donc des moyens d'éviter ce coût de la vie trop cher, et les étudiants sont devenus experts là dedans.

Je vais finir avec un petit paragraphe sur la nourriture:
Ici il faut faire une croix sur tout ce qui est fromage et viande. Imaginez mon déchirement. Un an sans fromage de chèvre ça va être dur. Pour la viande, il faut laisser tomber aussi, soit c'est dégueulasse soit ça coûte une fortune. J'ai goûté la viande de baleine, c'est vraiment bon cru, mais cuit ça ne vaut pas le coût (jdm inside). Niveau spécialités on a des beignets de poisson qui se laissent vraiment manger, et on fait des pâtes et du riz, sans grand chose pour accompagner. Ils ont aussi une vision différente du kebab ici. Il s'agit systématiquement d'une galette, mais avec une viande assez étrange qui n'a rien à voir avec du kebab et il n'y a que 3 ou 4 sauces différentes. Quand au saumon, ne croyez pas qu'il est moins cher ici, au contraire il l'est bien plus, mais c'est exquis.

Voila donc un petit aperçu de la Norvège, dans le prochain article je parlerais de la nuit bergenoise.

1 commentaire:

  1. "Plus d'égalité pour moins de liberté", c'est sûr, ça devrait terroriser le Français, convaincu que son pays est un modèle d'égalité (dream on, Frenchies, dream on) et qui refuse que l'on touche à sa liberté, lui qui ne cesse d'empiéter sur celle des autres.
    Pour info, "pant", c'est tout bêtement une "consigne". Autrefois, en France, toutes les bouteilles étaient "consignées": on pouvait donc glaner quelque argent en les rapportant à l'épicerie.

    RépondreSupprimer